Je vais vous faire remonter loin (très loin !) dans le passé, à une époque que les plus jeunes d'entre vous ne peuvent pas connaître (tiens çà me rappelle quelque chose ! ! !).
C'est en entendant le bruit des "petits gris" que ce souvenir me vient à l'esprit (pour ceux qui ne connaissent pas les "petits gris" il s'agit des trains qui ressemblent aux boites en fer blanc de nos conserves...........).
Les voyages en "petits gris" sont particulièrement intéressant pour la digestion, les soubresauts de ces wagons aident beaucoup notre estomac dans son activité, par contre il est impossible de lire le moindre livre ou le journal, quand à dormir on n'en parle même pas !
Mais depuis quelques années la SNCF vends régulièrement ses petits gris aux pays de l'est.....il me semble même avoir entendu dire qu'ils allaient être retirés de la circulation, je me demande quels vieux tortillards ils vont nous mettre.
Actuellement sur ma ligne ce sont des "TER" à deux étages qui circulent, pas beaucoup plus récents que les petits gris, et tout aussi inconfortables, mais au moins nous ne sommes pas secoués comme des salades.
Bref !
Ces petits gris font un bruit caractéristique...........comment vous expliquer !
C'est comme une sorte de mugissement, et la montée en puissance du moteur, au démarrage, donne l'impression que le bruit va continuer à monter, monter de plus en plus haut dans les aigües.
Or ce bruit c'est pour moi un souvenir de jeunesse.
Je l'ai entendu (je devais avoir 5 ou 6 ans) quand j'étais chez mes oncle et tante qui habitaient du côté de la place Balard, pas très loin de la gare SNCF, c'est là que j'entendais ce bruit qui m'est restée en mémoire.
Chaque fois que j'entends un petit gris quitter la gare, je "retourne" du côté de la place Balard .
Je revois l'appartement situé dans un de ces immeubles du tout début du siècle (le 20ème pas le 21ème ).
J'entends le bruit du parquet qui craque sous mes pas, je revois le couloir étroit, les portes du séjour à double battants avec leurs petits carreaux de verre, je sens l'odeur de la cire.....
Je revois la minuscule cuisine dont la petite fenêtre, placée très haut, s'ouvrait sur une cour "sombre" et étroite par où remontaient toutes les odeurs de cuisine des autres appartements…….
Mais ce que je "revois" surtout c'est le balcon !
Celui-ci courait sur toute la longueur de l'appartement, et j'avais une peur panique de ce balcon ! ! ! !
Quelqu'un m'avait expliqué que c'était comme une sorte de "trottoir" qui dépassait de l'appartement mais qu'il n'y avait rien en-dessous.
Vous imaginez çà ?
Un trottoir qui tient tout seul au dessus du vide sans rien pour le soutenir ?
Je me disais qu'en posant le pied dessus, le balcon allait s'effondrer et tomber, c'est que mes oncle et tante habitaient tout en haut de l'immeuble !
Et je revois toute la famille se promener tranquillement sur ce balcon et faisant des aller/retour sans se soucier de quoi que ce soit.....…… des fous ! !
Je n'osais même pas poser le pied dessus.
Rien qu'à l'idée de mettre un pied sur ce balcon ma tête "tournait" j'imaginais déjà la chute.... ! ! ! ! !
Quand à la rambarde il n'était même pas question de m'en approcher …
Et ce "malade" d'oncle Maurice qui avait entassé des tas de "trucs" sur ce balcon, de quoi tuer tous les passants qui circulaient sur le troittoir en dessous ........
Je n'arrivais pas à croire qu'un homme aussi sensé (du moins c'est ce que croyais !) que mon oncle puisse être aussi inconscient !
Et vous savez quoi !
Il a fallu que quelqu'un ait la "bonne" idée de prendre une photo de la famille réuni sur ce balcon !
Des fous je vous dis !
J'ai bien été obligée d'y aller pour la photo…..mais je ne suis pas restée une minute de plus !
S'ils voulaient tous prendre le risque de voir s'effondrer ce "machin" sous leurs pieds, c'était leur problème, mais moi je refusais de voir çà !
Je fermais très fort les yeux et dans ma tête je me demandais ce que j'allais bien pouvoir faire si jamais cette catastrophe arrivait.
Ma mère n'était pourtant pas du genre à prendre des risques, elle était même plutôt circonspecte en temps normal, mais là !........... elle me sidérait.
Cette histoire de balcon m'avait marqué au point que chaque fois que mes parents parlaient d'aller chez quelqu'un, je demandais à ma mère s'il y avait un balcon…….
Il est probable qu'elle n'a jamais compris pourquoi je m'interessais tant aux balcons…..
Et c'est ainsi que chaque fois que j'entends démarrer "un petit gris" je retourne du côté de la place Balard sur le balcon des mes oncle et tante.
Mais je n'ai plus le vertige à présent! ! !